La presse, la radio, la télévision, Internet vantent ce « nouveau » métier et ils le présentent comme la terre promise des passionnés d’écriture… Rencontre avec André Cortial, biographe, qui est souvent interpellé par des personnes désirant se reconvertir comme biographe parce qu’ils aiment écrire.
Mais cela suffit-il ?
Sans vouloir les dissuader de se lancer dans cette aventure passionnante, je leur donne tout de même quelques vérités sur le métier. D’une part, s’ils veulent normalement gagner leur vie, il faudra s’armer de patience et de persévérance avant de moissonner les fruits de leurs entretiens…
Être Ecrivain, c’est se donner les moyens d’exister au travers de l’écriture. Être biographe, c’est faire exister le narrateur que l’on écoute…
Il est donc important pour moi de vous présenter mon métier de biographe au travers d’évidences pourtant difficiles à cerner pour un(e) novice.
Dès le début de mon activité, j’ai rapidement pris conscience que ce vocable n’était pas explicite. Il embrasse de nombreuses interprétations et il est important d’en définir les contours même brièvement.
Dans l’antiquité, la biographie s’efforça de retracer l’existence et les exploits des héros notamment dans les récits de conquêtes et de champs de batailles.
Puis l’Eglise s’en empara jusqu’au siècle des lumières. Elle devint alors une hagiographie, sorte de compilation de la vie de ses saints. Puis, une nouvelle entité issue de la théologie et de la philosophie vu le jour. Elles nous offrirent des œuvres universelles comme celle de Saint Augustin, Rousseau ou encore Diderot …
Les écrivains du 19ème siècle saisirent à leur tour leur plume pour écrire des romans dont les personnages vivront leur propre vie.
Depuis, la culture est devenue accessible au plus grand nombre d’entre nous. Les biographes historiens occupent aujourd’hui une place importante dans nos bibliothèques, reprenant inlassablement la vie des personnages historiques dont la liste s’allonge, siècle après siècle.
Les biographes, souvent issus du monde journalistique, se sont spécialisés dans la biographie de personnalités de toutes obédiences.
Ce succinct tour d’horizon historique du métier ne prétend en aucune manière être exhaustif, loin s’en faut. Il veut cependant éclairer la réalité qu’aujourd’hui, deux métiers cohabitent sous une même dénomination : Le biographe qui écrit et édite des livres à vocation littéraire, historique ou sensationnelle (people) et le biographe qui écrit la vie de particuliers anonymes, d’inconnus désireux de laisser une trace de leur passage sur notre bonne vieille terre. C’est ce second métier qui fait mon quotidien et dont je veux vous tracer le portrait…
Ma formation m’a conduit à enseigner dans les domaines des lettres et de la philosophie mais aussi à accompagner, grâce à un master en psychologie, un grand nombre de personnes.
J’ai également et en parallèle, exercé la profession de journaliste-animateur radio pour un réseau international.
Le goût des autres, de l’écoute autant que de l’écriture ont toujours été conjugués au cœur de mes expériences professionnelles.
Passionné par le développement personnel, j’ai beaucoup appris à travers les expériences de vie, parfois douloureuses, parfois heureuses, toujours sensibles, qui m’ont été confiées.
Parce que je suis épris de vie(s), la biographie s’est imposée à moi comme une évidence.
En devenant membre du réseau professionnel de biographes, les Nègres pour Inconnus, les NPI, j’ai souhaité partager des valeurs et une déontologie, solides, respectées et reconnues.
Pour moi, « ÉCRIRE » demande beaucoup d’écoute, d’observation et une absence de jugement.
Parler de « thérapie », c’est prendre ce mot au sens le plus large. C’est le but des Biographie thérapeutique. Il s’agit de proposer un accompagnement dans une démarche au sein de laquelle la personne est le principal acteur de son mieux-être. Les effets commencent à se faire ressentir dès le tout début de cet accompagnement et on me dit souvent : « Vous me redonnez le goût de vivre ».
Des personnes hospitalisées, gravement malades, en fin de vie, ont la possibilité de transmettre à leurs proches, leurs pensées, leurs valeurs, les souvenirs amoncelés… Ils reconstituent le puzzle de leur existence… C’est aussi leur dernier projet. Une personne me disait dernièrement : « Je suis malade mais grâce au livre, je serai toujours vivante ! » et Louis Aragon de parachevé en disant : «Tout ce qui est écrit continue de vivre dans l’absence ».
Je suis biographie de particuliers et de professionnels mais aussi de lieux comme d’entreprises, car tout ce qui à une histoire est matière à biographie…
Le terme de biographe que je représente, s’adresse à un public anonyme qui, par l’écriture d’un livre, veut transmettre son histoire de vie à sa famille, ses amis ou ses proches.
Le métier est indissociable de la pratique de l’écriture et il doit être exercé par une personne maîtrisant correctement la langue française. C’est le minimum requis, me diriez-vous avec raison…
Un bon biographe, d’auteurs anonymes, requiert, certes, un talent d’écriture honorable, mais c’est surtout une personne qui accompagne, qui saura restituer au mieux la parole de son client dans un livre convaincant, empreint d’authenticité. De plus, dès que c’est écrit, vous devenez éternel. Elle est là la puissance de l’écriture.
Véritable « confesseur laïc », comme nous a qualifiés le magazine « L’Express« , aidé en cela par ma formation en psychologie, je vous garantis une confidentialité totale. C’est pour cela qu’un certain feeling, voir une osmose doit bercer les entretiens entre le narrateur et le biographe.
L’empathie, l’écoute, la curiosité, l’investigation, l’observation, l’adaptation sont aussi autant de qualités essentielles pour retranscrire la vie d’une personne, car il s’agit d’emprunter pour un temps la psychologie de la personne dont les mots sont retranscris.
La propre pensée du biographe s’oublie, pour que son langage s’adapte au mieux à la parole du narrateur. Cela se fera dans un subtil mélange d’expressions reflétant la personnalité de la personne et de son langage construit, organisé, augmenté et enrichi.
La biographie est un canevas entre deux personnes, entre deux esprits et deux styles d’expression qui se combinent mais où, au final, le biographe s’efface…
C’est un rôle fascinant de comédien. Les personnages dont nous parlons existent réellement. Nous nous mettons à leur place pour écrire l’histoire de leur vie. C’est une contrainte pour un écrivain de ne pas faire ce qu’il veut de ses personnages.
Personnellement, j’aime rencontrer les personnes, les écouter et les voir heureuses de lire mon travail. Chacun vit des moments forts dans son existence, certains ont envie de raconter leurs bonheurs, leurs difficultés, leurs maladies, leurs métiers, leurs rencontres. Je vis des moments intenses avec eux, et parfois de belles amitiés se créent.
Pour rien au monde je ne changerais de métier ! Je gagne peut-être moins bien ma vie aujourd’hui, que dans le passé mais quel enrichissement personnel !
Je rencontre de belles personnes et de belles âmes qui ont tant de choses à raconter…
Alors que demander de plus ?
André CORTIAL
Ecrivain Biographe
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